Cet article est également disponible sur le blog collectif l’histgeobox (ma contribution personnelle y est encore très maigre), que je vous recommande vivement de visiter. L’objectif est, à partir d’une chanson, de donner des éléments d’explication ou de contexte liés à l’histoire et la géographie. Ecoutez et lisez par exemple Jaurès de Jacques Brel ou Le coup de Jarnac de Jean-Louis Murat (sur Mitterrand) ; vous serez certainement séduits par le concept et la réalisation !
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Le chant révolutionnaire « la guillotine permanente » (qui n’est pas un sommet de la culture française, il faut bien l’avouer), est interprété ici par Marc Ogeret.
En France comme à l’étranger, la guillotine est un symbole de la Révolution française. En effet, même si quelques machines avaient déjà été mises au point en Europe pour les condamnations à mort, c’est pendant la Révolution que la guillotine est inventée et surtout qu’elle devient l’unique moyen d’exécution.
Le 1er décembre 1789, le député Joseph-Ignace Guillotin [1738-1814] propose que l’Assemblée Nationale (la France est alors une monarchie parlementaire depuis juillet 1789) accepte une résolution, dont voici deux articles :
« -Article 1 : Les délits de même genre seront punis par les mêmes genres de peine, quels que soient le rang et l’état du coupable.
-Article 6 : Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort contre un accusé, le supplice sera le même, quelle que soit la nature du délit dont il se sera rendu coupable. Le criminel sera décapité : il le sera par l’effet d’une simple mécanique.
[…] M. le Président [de l’Assemblée] suppliera le Roi de donner des ordres pour que le mode actuel de décapitation soit changé et qu’à l’avenir elle soit exécutée par l’effet d’une simple mécanique. »
Sous l’Ancien régime, les nobles « bénéficiaient » d’un régime de faveur puisqu’ils étaient décapités à l’épée (ou à la hache), ce qui, malgré certains cas qui ont nécessité plusieurs coups, était moins douloureux que les autres formes d’exécutions en vigueur (la pendaison, l’écartellement, la roue, etc).
Le texte de Guillotin (qui n’est pas encore une loi) est finalement accepté le 21 janvier 1790. Au grand regret du médecin député, son nom restera attaché à l’objet qui devait rendre l’exécution égalitaire et la plus indolore possible. Contrairement aux dires d’une légende tenace, le docteur Guillotin n’est pas le concepteur de la machine (c’est le chirurgien Louis [1732-1792]), et n’a pas été victime de « sa » machine, mais est mort d’un anthrax à l’épaule gauche, en 1814.
C’est le 3 juin 1791 que, sur proposition du député Le Pelletier Saint-Fargeau, l’article 3 du code civil stipule que « tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Cette disposition est finalement intégrée dans le code pénal le 6 octobre 1791.

Exécution à Remiremont, 8 février 1899
Utilisée pour la première fois le 25 avril 1792, la guillotine est mal acceptée par le public, apparemment déçu de la rapidité de l’exécution et du manque de spectacle (par la suite la guillotine fut surélevée sur un échafaud pour permettre à la foule de mieux voir).
Pendant la Terreur, de septembre 1793 à juillet 1794, près de 50 guillotines sont installées en France et quelques 20 000 personnes sont exécutées.
La guillotine sera le seul moyen d’exécution civil jusqu’à la dernière exécution en France, le 10 septembre 1977, dans la prison des Baumettes à Marseille (depuis 1939 les exécutions n’étaient plus publiques).
