Camille Desmoulins

7 décembre 2008

Les hommes politiques et la mort

Filed under: Citations — Camille Desmoulins @ 11:51

Pourquoi s’intéresser au rapport qu’entretiennent les hommes de pouvoir avec la mort ? Après tout, il sont certainement moins qualifiés pour s’exprimer sur le sujet que des philosophes, écrivains, scientifiques ou hommes et femmes de foi ? 

Certes, mais la tradition française fait que certains hommes qui ont dirigé le pays ont parfois exercé le pouvoir avec une dimension culturelle voire spirituelle (de Gaulle, Mitterrand). Il me semble que ce n’est pas le cas dans toutes les autres républiques, et même dans la plupart des monarchies. 

Ce qui est sûr, c’est que leur relation avec la mort apporte un éclairage très intéressant sur la personnalité de ces hommes qui ont gouverné.

« La mort est le commencement de l’immortalité ».
Robespierre, à la Convention nationale, 10 juillet 1794, quelques jours avant son exécution

« Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur de ne plus exister ».
Mitterrand

« Ce que nous pensons de la mort n’a d’importance que par ce que la mort nous fait penser de la vie ».
De Gaulle

« Il faut vouloir vivre et savoir mourir ».
Napoléon

La relation qu’avait Mitterrand avec la mort est traitée dans plusieurs ouvrages, dont Le vieil homme et la mort de Franz-Olivier Giesbert et Le dernier Mitterrand de Georges-Marc Benamou (à l’origine du film Le promeneur du Champ de Mars de Robert Guédiguian).

Pour finir avec note plus légère, voici un extrait (cliquez ici, ça dure 30 secondes et c’est mythique !) d’une des fameuses conférences de de Gaulle où il répond à une question concernant son état de santé :

« Je ne vais pas mal… Mais rassurez vous : un jour, je ne manquerai pas de mourir !
de Gaulle

et deux citations de Clemenceau en lien avec la mort :

« Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés ».
« Pour mes obsèques, je ne veux que le strict nécessaire, c’est-à-dire moi ».
Clemenceau

 

8 novembre 2008

Gaston Monnerville

Filed under: Citations,Personnages — Camille Desmoulins @ 5:56

Nous, Français, avons la critique très facile envers ces Américains incultes, égoïstes, égocentriques (bref, plutôt de la tendance de l’ineffable Sarah Palin). Force est de reconnaître qu’ils nous ont bien eu.

Indépendamment des idées et des programmes, sommes-nous prêts en France à élire un homme ou une femme de couleur ou issu(e) d’une minorité ? Pas si sûr.

A ce jour, la personne de couleur qui a obtenu le plus haut poste en France est Gaston Monnerville puisqu’il a occupé le deuxième poste de la République en tant que Président du Sénat (pendant 22 ans, de 1947 à 1968). Par exemple, en cas de décès du Président de la République en cours de mandat, c’est le Président du Sénat qui assure l’interim avant la tenue de nouvelles élections (c’est arrivé avec A. Poher suite au décès de G. Pompidou en 1974).

01_gm_general_de_gaulle_196211

Résistant pendant la deuxième guerre mondiale, Gaston Monnerville a toutefois entretenu des relations difficiles avec de Gaulle. Par exemple, en octobre 1962, de Gaulle décide la dissolution de l’Assemblée nationale. Le jour même, Gaston Monnerveille est reçu à l’Elysée en sa qualité de Président du Sénat (c’est peut-être après ce bref entretien qu’a été prise la photo ci-dessus). De Gaulle l’accueille sans son bureau, debout, jouant avec sa monture de lunettes.
« – L’Assemblée nationale étant dissoute, la Constitution m’oblige à vous recevoir. Je connais votre opinion sur le référendum [sur l’élection du Président de la République au suffrage universel direct]. Avez-vous changé d’avis?
– Non.
– Dans ce cas, nous n’avons rien à nous dire. Au revoir. »
[d’après De Gaulle, de Marcel Jullian]

Vous pourrez voir ici la vidéo d’une interview, courte et intéressante, de Gaston Monnerville sur le Conseil Constitutionnel, dont il fut un des membres de 1974 à 1983.

2 septembre 2008

Les vraies balles

Filed under: Citations — Camille Desmoulins @ 12:19

Le drame récent qui a coûté la vie à dix soldats français en Afghanistan a rappelé que la guerre tue, ce qu’on a parfois tendance à oublier lorsque la nation n’est pas en guerre sur son territoire et que les conflits paraissent lointains… 

Au détour d’une lecture sur de Gaulle, je vous livre une citation qui a pour cadre une conversation entre le Général et un de ses invités, lors du déjeuner qui suit une partie de chasse à Rambouillet :

-« Ah, mon Général, la chasse ! Que d’émotions !… C’est vraiment comme la guerre !
– Oui… A une différence près, cependant : à la guerre, le lapin tire. »

statue du général de Gaulle par Jean Cardot, place Clemenceau, Paris [Dominique Houcmant]

PS : citation reprise par Marcel Jullian ; n’hésitez pas à lire l’analyse de Stéphane Mantoux sur l’embuscade en Afghanistan

1 juin 2008

Chef d’Etat de la France : un métier dangereux…

Filed under: Citations,Divers — Camille Desmoulins @ 6:37

Plutôt qu’une augmentation de salaire (de 172%) fin 2007, c’est une prime de risque qu’aurait du s’auto-accorder Nicolas Sarkozy. En effet, il exerce un métier à haut risque. Jugez plutôt! 

Depuis 1789, sur les 29 chefs d’Etat français (rois, empereurs, présidents de la République) :
7% ont été assassinés (Sadi Carnot en 1894 par l’anarchiste italien Caserio et Paul Doumer en 1932 par Gorgulov un Russe souffrant de troubles mentaux) ;
28% ont été victimes d’attentats (attentats manqués sur Napoléon 1er, Louis-Philippe, Napoléon III, Millerand, de Gaulle et Chirac en plus des deux « réussis » sur Sadi Carnot et Paul Doumer).

Assassinat de Sadi Carnot le 25 juin 1894

Paul Doumer, assassiné le 6 mai 1932

Je n’ai pas comptabilisé comme assassinat la mort de Louis XVI ni comme tentative d’assassinat l' »attentat » de l’Observatoire contre Mitterrand le 15 octobre 1959.

Ces taux élevés sont comparables à ceux constatés aux Etats-Unis (9% de Présidents assassinés ; 35% victimes d’attentats).

Notons que certains chefs d’Etat ont assumé ces risques avec une certaine décontraction. Petits exemples :
– Après une des nombreuses tentatives d’assassinat le visant, Louis-Philippe déclara « il n’y a que moi en France contre qui la chasse est toujours ouverte ! ».
Septembre 1962 ; attentat raté contre de Gaulle à Pont-sur-Seine ; une fois le danger passé, de Gaulle dit à son chauffeur : « C’est une plaisanterie de mauvais goût, quels maladroits! Continuons. »  
– Des nombreuses tentatives d’attentat dont il fut l’objet, la plus sérieuse fut certainement celle du Petit-Clamart le 22 août 1962, à l’issue de laquelle de Gaulle dit : « Cette fois, c’était tangent… Ces gens-là tirent comme des cochons! ». [Merci « Gérard » pour le commentaire!]

Bonne soirée  

9 avril 2008

Talleyrand d’actualité

Filed under: Citations — Camille Desmoulins @ 10:26

Suite à l’incident politique du jour, qui a conduit le Premier Ministre François Fillon à demander à la secrétaire d’Etat à l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, de s’excuser pour ses critiques virulentes, qui visaient notamment son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo, je ne résiste pas à rappeler une petite citation de Talleyrand [1754-1838] :

Le meilleur moyen de renverser un gouvernement, c’est d’en faire partie.

Dans ses excuses, Mme Kosciusko-Morizet affirme : « Je redis toute mon estime et mon affection à Jean-Louis Borloo avec lequel je suis heureuse de travailler ». Du coup, voici deux autres petites citations de Talleyrand, décidément indémodable :

La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée.

Le mensonge est une si excellente chose qu’il ne faut pas en abuser.

                                                   

         J-L. Borloo et N. Kosciusko-Morizet                                         C-M. de Talleyrand

Bonne soirée!

31 mars 2008

Les murs et Marat

Filed under: Citations — Camille Desmoulins @ 7:31

Avant de publier très prochainement le schéma des acteurs de la période « napoléonienne » 1799-1815, voici deux citations qui datent de la Révolution, mais dont la portée dépasse leur époque !

Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous !      (sur les murs de Paris, et devise du journal révolutionnaire le plus vendu en 1789 « Les Révolutions de Paris »)

Qu’aurons-nous gagné à détruire l’aristocratie des nobles si elle est remplacée par l’aristocratie des riches?       (Marat, 30 juin 1790)

david_marat1.jpg

 

 

27 mars 2008

L’utopie du suffrage universel?

Filed under: Citations — Camille Desmoulins @ 7:12

Il paraît incontestable de nos jours que le suffrage universel est la modalité la plus rationnelle pour un ensemble de citoyens de choisir à qui doivent être confiées la gestion d’une ville, d’un département, d’une région ou d’un Etat…

Pourtant combien d’entre nous analysent avec soin les programmes politiques et possèdent les connaissances suffisantes pour réellement comprendre les différents enjeux (ceci vaut tant pour un programme que pour un projet de constitution européenne par exemple…!).  Et combien d’entre nous arrivent à faire abstraction de leurs propres intérêts dans leur vote?

Le philosophe Alfred Fouillée a résumé dès 1884 les limites de l’exercice : « Le suffrage universel suppose deux conditions, d’abord que la masse des citoyens aura la volonté du bien général, plutôt que de ses intérêts particuliers ; puis qu’elle aura une connaissance du bien général suffisante pour imprimer à la politique une bonne direction ».

A ne pas prendre comme excuse pour ne pas aller voter, mais plutôt comme un encouragement à rentrer dans le fond des programmes électoraux et à les analyser dans le sens de l’intérêt général!

vote1.jpg

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.