La conférence de Munich de septembre 1938 présente un double intérêt historique : étape très importante dans l’inéluctable marche vers la seconde guerre mondiale, elle constitue aussi une (mauvaise) référence en matière de politique internationale.

La fameuse photo avec les quatre lors de la conférence de Munich : Chamberlain, Daladier, Hitler, Mussolini
Régulièrement, des pays envahissent ou interviennent militairement dans des pays frontaliers indépendants : l’Irak au Koweit en août 1990 ou la Russie en Géorgie en août 2008. Chaque fois, la réaction à apporter par la France est un véritable casse-tête pour le ministère des affaires étrangères, puisque les enjeux sont considérables et peuvent mener à un conflit armé. Les récentes déclarations incohérentes de la présidence de la République et du quai d’Orsay sur le conflit russo-géorgien en sont l’illustration.
On serait tenter d’adopter une règle simple (simpliste ?) selon laquelle la violation de frontières internationales d’un pays voisin, ou lié historiquement ou économiquement à la France ne devrait pas être acceptée. Le cas géorgien avec le rôle ambigu des Etats-Unis qui auraient poussé le président géorgien à la faute démontre cependant que tout n’est pas aussi simple…

caricature montrant la France et l’Angleterre offrant la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie
En septembre 1938, Hitler annonce clairement qu’il souhaite annexer une partie de la Tchécoslovaquie : la zone des Sudètes, où vivent une majorité de germanophones. Mussolini est à l’initiative d’une conférence le 29 septembre 1938 à Munich, où le sort de la Tchécoslovaquie est réglé entre les dirigeants de l’Allemagne (Hitler), l’Italie (Mussolini), l’Angleterre (Chamberlain, premier Ministre) et la France (Daladier, président du Conseil [=premier ministre]), mais en l’absence du Président tchèque Benes.
Poussés par l’opinion pacifiste de leurs pays, Chamberlain et Daladier finissent par concéder un compromis et abandonnent les Sudètes aux nazis. En septembre et novembre 1938, la Pologne et la Hongrie profite de l’affaiblissement de leur voisin tchèque pour s’attribuer plusieurs zones du pays.
Plus tard, Churchill écrira à propos de Munich : « Ils ont accepté le déshonneur pour avoir la paix. Ils auront le déshonneur et la guerre ».

Mussolini, Hitler et Göring devant la carte de la Tchécoslovaquie pendant la conférence de Munich
Finalement l’entière Tchécoslovaquie tombe dans l’escarcelle allemande en mars 1939 avec l’annexion de toute la partie ouest par l’Allemagne et la cessession de la partie est, la Slovaquie, qui devient un Etat satellite de l’Allemagne.

Carte du démentèlement de la Tchécoslovaquie, produite par l’exellent site www.atlas-historique.net

Je vous recommande la lecture du fantôme de Munich de G-M Benamou. Ce roman permet d’imaginer comment s’est déroulé ce sommet international si important, et comment s’est dessinée la défaite des démocraties.
D’après l’AFP, le réalisateur américain d’origine tchèque Milos Forman (Vol au-dessus d’un nid de coucou) travaillerait à l’adaptation au cinéma du roman, épaulé pour le scénario par Vaclav Havel, dramaturge mais surtout connu pour avoir été chef de l’Etat tchèque de 1989 à 2003.