… (cet article complète quelques éléments de biographie de Camille
Desmoulins rassemblés ici ; si vous avez besoin d’un peu d’aide pour situer les personnes citées plus bas, n’hésitez pas à cliquer sur le schéma à droite) …
Certains reprochent à Camille Desmoulins une certaine inconstance dans ses amitiés politiques : d’abord proche de Mirabeau, il se tourna ensuite successivement vers Barnave, Lameth et Duport, puis Brissot et Pétion, puis Robespierre, puis Danton. On comprend alors Michelet quand il évoque « les variations du pauvre Camille »…
Et si cette soi-disant inconstance de ses relations était en fait motivée par une certaine constance des idées ?
Pour preuve :
– résolument républicain dès 1789, il s’éloigne de Mirabeau et du trimuvirat Barnave, Lameth et Duport quand ceux-ci ne veulent pas renoncer à la monarchie ;
– pacifiste, il se détourne des girondins et notamment de Brissot quand ces derniers insistent pour déclarer la guerre au roi de Bohême et de Hongrie,
– opposé à la Terreur il rompt définitivement avec Robespierre quand il celui-ci en fait un principe du gouvernement.
Camille Desmoulins considère plutôt que d’autres ont des convictions assez versatiles. Par exemple, il adresse au député Barère la critique suivante : « Oh ! la belle chose que de n’avoir pas de principe, que de savoir prendre le vent, et qu’on est heureux d’être une girouette! Ce n’est pas la girouette qui change, c’est le vent ».
A une autre occasion, Camille écrit : « J’ai varié souvent, parce qu’il y a si peu d’hommes conséquents ; mais, je l’ai déjà dit, ce n’est pas la girouette, mais le vent qui tourne ».

L’amitié pendant la Révolution n’est pas chose facile, avec l’ombre de la guillotine qui plane…
D’ailleurs, Camille Desmoulins fait le triste constat suivant : « Une fatalité bien marquée a voulu que des 60 personnes qui ont signé mon contrat de mariage, il ne me reste que deux amis, Robespierre et Danton, tous les autres sont émigrés ou guillotinés ».
Camille Desmoulins ne le savait pas encore, mais la ronde funèbre n’était pas encore terminée.
C’est sur ordre de Robespierre, son camarade du lycée Louis-Le-Grand, son témoin de mariage, le parrain de son enfant, ainsi qu’une vingtaine d’autres membres du Comité de Salut Public et du Comité de Sûreté Générale – dont Barère cité un peu plus haut – que Camille Desmoulins sera arrêté dans la nuit du 29 au mars 1794, ainsi que Danton.

Ordre d’arrestation de Camille Desmoulins, dans la nuit du 29 au 30 mars 1794
Sans surprise, l’accusateur public du Tribunal révolutionnaire, Fouquier-Tinville, cousin éloigné de Camille et qui avait bénéficié quelques années auparavant de l’aide de celui-ci pour trouver un emploi, l’enverra à l’échafaud le 5 avril 1794, toujours accompagné de Danton…

PS : merci « La Bricole » pour le scan de l’acte d’arrestation !